Liza Ferschtman

 

Aimer profondément la musique et partager cet amour avec son audience constituent la raison d’être de Liza Ferschtman. Cette narratrice musicale impliquée dans le langage émotionnel de chaque compositeur qu’elle interprète, bâtit une carrière internationale dont l’horizon de plus en plus vaste est aussi varié que les œuvres qu’elle interprète. Pour un caméléon musical comme Liza, la base du répertoire romantique est tout aussi importante que le fait de jouer ou de collaborer avec des figures majeures de notre époque, Sebastian Fagerlund, Robert Zuidam, Giya Kancheli, Vanessa Lann, Mark Simpson ou Julia Wolfe, entre autres. Sa grande affinité avec Schubert et Beethoven va de pair avec une passion pour le monde expressionniste des compositeurs du début du XXe siècle. L’ample discographie de Liza, comprenant des œuvres composées entre 1676 et 2014, témoigne de cette polyvalence.

Liza s’est fait une spécialité de l’audacieuse haute-voltige que suppose le récital de violon solo. Amplement acclamée pour ses interprétations des œuvres pour violon seul de Bach, souvent durant un concert marathon (!), elle est également l’une des rares interprètes à oser jouer toutes les Sonates du Rosaire de Biber en une seule séance (!!), en utilisant au minimum 7 violons différents requis pour ce cycle.

En tant que soliste de concerto, elle se produit avec les plus grands orchestres dans le monde entier : BBC Philharmonic, Orchestre Symphonique de Montréal, San Francisco Symphony, Helsinki Philharmonic, Budapest Festival Orchestra, conduits par des chefs prestigieux tels que Ivan Fischer, Antonello Manacorda, John Storgards, Juraj Valcuha et Stephane Denève. Également très demandée pour diriger l’orchestre du violon, Liza collabore avec la Amsterdam Sinfonietta, la Potsdam Kammerakademie, le Lapland Chamber Orchestra, le Franz Liszt Chamber Orchestra et l’ORCAM Madrid.

La créativité de Liza s’exerce aussi sur large éventail dynamique de projets internationaux en tant que directrice artistique, organisatrice ou collaboratrice. Son amour de la danse l’amena à participer non seulement à la création d’un spectacle autour de son œuvre en solo avec la compagnie de danse moderne LeineRoebana, qui donna suite à une vaste tournée, mais encore à coopérer fréquemment avec le Ballet National des Pays-Bas. À un jeune âge, 27 ans, elle devint la directrice artistique du Festival de Musique de Chambre de Delft et, pendant les 14 années à ce poste, elle a converti ce festival en un événement annuel multidisciplinaire qui occupe une place unique dans le paysage culturel néerlandais. Liza a commandé de nombreuses œuvres, dont la plupart a trouvé une place durable dans le répertoire. Chaque année, elle commandait aussi et participait à la réalisation d’un spectacle de théâtre musical basé sur le thème du festival. Mais surtout, ce festival a favorisé la création d’un large cercle de musiciens et d’amis partageant les mêmes intérêts, avec lesquels Liza continue de se produire sur les grandes scènes du monde entier.

Sa famille composée de musiciens professionnels a profondément favorisé sa formation. Ses premiers souvenirs musicaux sont ceux d’une toute petite fille assise avec ses jouets sous le piano pendant que ses parents, immigrés de Russie aux Pays-Bas, étudiaient les Sonates pour violoncelle de Beethoven, puis ceux d’une enfant dansant devant sa sœur qui répétait les Études de Chopin. Le choix du violon ne s’est peut-être imposé à Liza qu’au début de l’adolescence, mais son grand amour de la musique s’est toujours manifesté avec évidence. Grâce à l’appui attentif de ses professeurs Alla Kim et Herman Krebbers, elle put allier l’enthousiasme musical et l’expressivité instrumentale, ce qui lui permit de remporter le Concours National de Violon des Pays-Bas à l’âge de 17 ans.

Après quelques années au Curtis Institute of Music de Philadelphie où elle rencontra de nombreux musiciens qui sont devenus des collaborateurs de toute une vie, son professeur le plus important fut David Takeno à Londres. De nombreux mentors musicaux ont compté parmi les guides inestimables dans l’élaboration de son identité créative. Le violoniste Philippe Hirsschorn, ami intime de la famille, pour lequel elle joua régulièrement dès son jeune âge jusqu’à la mort prématurée de celui-ci, lui permit d’acquérir une compréhension et des connaissances essentielles de ce que l’on peut rechercher dans la musique. Ses premières rencontres avec Nobuko Imai lui donnèrent une orientation et un spectre de possibilités plus amples. Walter van Hauwe, Frans Bruggen et Anner Bylsma lui ouvrirent les portes du riche monde de la musique baroque et de l’interprétation historiciste, et Elisabeth Leonskaja continue de briller comme un exemple d’interprète désintéressée.

Outre sa vie active sur scène, Liza est aujourd’hui très demandée pour son talent pédagogique par plusieurs institutions.

En 2006, Liza reçut le Prix Néerlandais de la Musique, la plus haute récompense gouvernementale pour les jeunes musiciens. En 2021, elle fut nommée Officier de l’Ordre d’Orange-Nassau, une reconnaissance royale pour sa contribution à la scène culturelle néerlandaise